En route pour Playa Larga
… ou comment je me fais encore balader et suis d’une naïve crédulité !
A nouveau des histoires de transports.
Je suis à Santiago de Cuba et mon voyage tire à sa fin. Je voulais aller à Marea del Portillo, via une route magnifique et difficile, c’est la route qui m’intéressait, pas le village. Il semble que la route n’était pas praticable et même coupée à un endroit. En écrivant ces mots aujourd’hui, j’ai un doute mais l’information est venue de l’homme qui a pris ma réservation de l’hôtel Marea del Portillo, je lui ai fait confiance.
Je n’ai pas pris le risque de faire demi-tour, ajoutez à cela que les avions vers La Havane sont complets jusqu’au 16 avril ( !), depuis Santiago et toutes les villes alentour, je change mes plans.
Direction Playa Larga, une belle plage de sable blanc, histoire de faire le plein de soleil et de farniente avant de rentrer.
Longue route pour y aller, environ 8/9h en taxi.
Il était prévu que je parte en taxi collectif vers 10h avec des personnes qui allaient à la Havane, le taxi me déposait à Jaguey Grande (une trentaine de kilomètres de Playa Larga) vers 18/20h. La casa Frank où j’ai réservé une chambre envoie un taxi me récupérer et j’arrive pour dîner. Programme parfait.
La veille, quand je rentre, Ana de la casa Santiago, a organisé ce transfert, me dit que le taxi vient me chercher à 9h. Encore mieux !
Avant de partir, je vais faire un tour et voyant qu’il est 9h, je rentre en courant !!! Personne, ouf ! Ana me dit que mes « co-voitureurs » ne voulaient pas avancer l’heure du départ, ce sera donc 10h. Bon, ça m’agace de m’être pressée mais ok.
10h personne, 10h 15 le taxi s’annonce, 10h30 appelle pour dire qu’il est arrêté pour contrôle de papiers, qu’il n’en n’a pas pour longtemps, 11h appelle pour dire que véhicule est immobilisé.
Branle-bas de combat, le type n’a pas de solution de rechange. Ana en appelle un autre (il y a les 2 autres qui devaient partir avec moi aussi), nombreux échanges téléphoniques et il semble qu’un autre taxi puisse partir sur le champ et vienne me chercher le temps de venir. Génial !
Un taxi arrive en effet pour m’emmener à la gare routière retrouver le bon taxi avec les autres touristes. Bizarre, ça commence à ne pas sentir très bon mais je vois le temps passer et je n’ai pas envie d’arriver trop tard. Ana a l’air confiant.
J’arrive à la gare routière un peu après 11h30, finalement tout cela aura été assez rapide, nous nous arrêtons devant un camion !! Très beau d’ailleurs, un Chevrolet. Je suis accueillie par celui qui organise et me dit qu’il n’a pas d’autres solutions, pas de voitures pour aller à La Havane.

Alors ? pas beau ce camion ?
En fait, ces transports sont organisés par des personnes dont le métier est de trouver des voitures (ou des camions !) d’une part, des conducteurs d’autre part pour répondre à la demande de voyageurs cubains ou étrangers.
Et de m’expliquer que ce camion est mieux que le bus normal, il va plus vite car il ne s’arrête pas et que je serai en 10h à Jaguey Grande. Et je le crois !
A ma décharge, je n’ai pas tellement de solutions de rechange, un peu d’inconfort, j’ai l’habitude, j’arriverai un peu plus tard, tant pis. Je lui demande d’appeler la casa Frank de Playa Grande pour la prévenir, le portable est éteint, alors la casa d’Ana « oui, oui » et il ne le fait jamais, change de sujet…
J’ai honte d’avouer que je négocie ridiculement le prix, 50 CUC au lieu de 60 en taxi. Tellement pressée de partir. Ah oui, mais le chauffeur doit déjeuner, une jeune fille va lui apporter son déjeuner, le camion partira vers midi. Il est plein.
Je vous la fais courte (si, si, croyez-moi), la jeune fille arrive 3/4h plus tard et surtout le camion n’est pas plein, il faut 2 personnes de plus, et quand les 2 sont là, on attend encore. Du coup, les gens descendent du camion. Je perds mon calme légendaire et dis à mon interlocuteur qui est encore là que je n’attendrai pas plus, je reprends mes bagages et miraculeusement le moteur se met en marche. Ok, je remonte. Le camion fait 20 mètres et continue sa recherche.
Le camion plus rapide que le bus parce qu’il ne s’arrête pas…
On met 2 heures à faire les 50 premiers kilomètres, à ce train-là, on en a pour 20 heures ! Ça s’améliore un peu après. En fait, j’ai l’impression qu’il va vite, impression atténuée quand je regarde défiler le paysage. A 21h, heure d’arrivée prévue, nous nous arrêtons pour dîner, nous sommes encore à 250km.
Je demande au chauffeur d’appeler la casa Frank pour prévenir « non, trop tôt »
Après le dîner, la fatigue, la chaleur aidant, chacun prend un peu plus ses aises. J’ai la chance d’être à côté d’une femme un peu dodue, et je m’appuie un peu sur elle, confortable ! Je suis au premier rang et j’ai des sièges face à moi. Personne n’aime être dans le sens contraire de la marche et ce sont les sièges qui se libèrent en premier. Par le va et vient des montées et descentes dans le camion, le siège devant moi n’est pas occupé et je peux mettre mes pieds dessus. Eh bien, il y a eu un moment où je me suis endormie, puisque je suis réveillée en sursaut par un arrêt, 0h45, c’est peut-être le mien ?… encore 80km.
J’arrive à 2h du matin, dans une zone de chargement des bus sur l’autoroute. Cette fois-ci, le chauffeur veut bien appeler la casa pour qu’elle m’envoie un taxi, je suis un peu embêtée mais que faire ? Coup de chance, elle répond et elle envoie quelqu’un. Ouf !
Je suis surprise, il y a du monde à cet endroit, des camions, des bus s’arrêtent et les gens attendent tranquillement celui qui ira dans leur direction.
3h30, personne. Tant pis, je rappelle. J’ai un mal fou à me faire prêter un téléphone, le mien ne passe pas. La femme de la casa me répond. Le « chico » est venu te chercher, il n’y avait personne, où es-tu ? Ben, je ne sais pas. Je lui passe le propriétaire du téléphone qui lui explique. Le chauffeur du camion avait donné un mauvais renseignement.
Sympa, le taxi revient.
Rodolfo, dans sa Buick jaune, est de bonne humeur. Je dois prendre ces atternoiements comme une expérience, c’est ce que font les cubains, du coup ils sont toujours joyeux. Je vois ça !
Alors, il m’a amenée à la casa à Playa Larga et j’ai dormi ? pas du tout.
Il se trouve que j’avais envie d’une casa sur la plage, or toutes celles du guide étaient complètes. J’avais dit à Ana que je resterai une nuit dans celle qu’elle m’avait trouvé (qui avait l’air très bien) que je chercherai autre chose le lendemain. Si je ne trouvais pas je garderai celle-là.
Donc Rodolfo me demande si je veux qu’il me trouve une maison sur la plage. Demain, oui. Non, maintenant ! Heu, il est 5h du matin, les gens dorment. Oui mais si on n’essaye pas, on ne saura pas. C’est certain. Et le voilà qui appelle quelques casas sur la plage, qui va frapper aux portes de celles dont il n’a pas le numéro. Toutes lui répondent, aucune n’a de disponibilité. Je lui dis je ne sais combien de fois qu’on va à la casa Frank et enfin il lâche le morceau que si je ne reste pas plus qu’une nuit, ça ne l’intéresse pas. Ok Ok, la casa est très bien, je resterai plus.
J’arrive à la casa Frank, la femme m’accueille gentiment et m’amène à une autre, ses chambres sont indisponibles, elles sont en travaux !
Ce n’est pas ce que je veux. Je dis gentiment que je resterai la nuit ou ce qu’il en reste et que je chercherai autre chose. Non mais !
J’ai trouvé exactement ce que je voulais, une chambre avec une terrasse, sur la plage de Playa Larga. Où j’écris ce post. Une des maisons où Rodolfo avait frappé cette nuit !
Bon, je vous laisse, une langouste m’attend !
Délicieuse !
2 Comments
Merci pour ce magnifique voyage nous nous sommes régalés de te suivre à Cuba.
À très vite
Pascaline
langouste bien méritée, t’es trop forte ma cousine, n’empêche quelles patience et endurance