Muang Ngoi Neua, un village perdu au milieu de nulle part, sur la Nam Ou.
On y arrive en bateau à partir de Nuang Khiaw, où je suis revenue après mon détour par Pakbeng. La route en bus a été époustouflante, route de montagne, aux à-pics vertigineux et une végétation luxuriante malgré, par endroits, la déforestation.
La déforestation commence à être un problème dans le nord du Laos, majoritairement due aux chinois qui « sponsorisent » les fermiers pour couper le bois. Le gouvernement ferme les yeux.
Voici déjà un aperçu du bateau à partir de Nuang Khiaw. Ce n’est pas très loin, le trajet dure un peu plus qu’une heure.
Il n’y a qu’une rue à Muang Ngoi Neua qui va du monastère en direction de la montagne. Le long de cette rue ce sont essentiellement des hébergements pour les touristes. Pourtant, cette destination n’était pas connue il y a seulement 15 ans.
L’ancienne ville de Muang Ngoi, capitale régionale, a été totalement détruite pendant la guerre du Vietnam, y compris ses 3 monastères à tel point qu’un nouveau Muang Ngoi a été construit (l’actuel Niong Khiaw). La destination a été « découverte » par des voyageurs qui ont parlé de sa beauté alors qu’elle n’était dans aucun guide. Dans les années 2000, un peu comme à Vang Vieng, les pensions accueillaient pour un dollar par jour des occidentaux qui venaient se perdre dans des brouillards opiacés.
Ici également les mesures pour combattre la drogue ont radicalement changé l’ambiance. Les pensions ont été fermées et les hébergements ont été améliorés pour accueillir le visiteur. Aujourd’hui, on vient à Muang Ngoi Neua pour le paysage, le kayak sur la Nam Ou, pour la randonnée.
Pour ma part, je trouve les paysages inouïs !
Et ça commence au petit déj avec la vue sur la Nam Ou !
De la terrasse, j’assiste au réveil de la rivière, des pirogues se chargent de marchandises avant de partir au fil de l’eau. Elles sont un peu différentes, elles n’ont pas de long stick au dehors mais à l’intérieur et l’hélice est sous la poupe. Ensuite, c’est le ballet des hommes qui dégagent les bateaux de la vase, c’est parfois difficile et ils sont nombreux à tirer, pousser, crier.
Je pars randonner aux alentours de Muang Ngoi Neua en suivant les conseils du guide, mon idée étant de rejoindre 2 villages assez proches. Le chemin est facile et dès le début je suis époustouflée par les paysages. Je vois plusieurs plans de montagnes, plus elles sont loin, plus elles sont dans la brume et semble claires.
Rapidement, je suis arrêtée par un péage. Officiellement, c’est pour visiter des grottes mais on paye même sans aller voir les grottes. Un peu plus loin, le chemin vers un des villages monte un peu et on aperçoit des rizières. Au risque de me répéter, je trouve les paysages sublimes.
Au bout de 2 heures de marche, j’arrive au village, bien contente car il fait très chaud.
Je me pose souvent la question de l’intérêt d’aller dans ces villages, mise à part la beauté du trajet. Ces villages hyper pauvres, les gens nous regardent, nous sourient, nous disent « sabaidi », parfois essayent de nous vendre quelque chose que l’on a pas envie d’acheter en tout cas, pas moi. En fait, je n’aime pas trop ça.
Par chance dans ce village, il y a un restaurant. Je suis rapidement rejointe par 5 ou 6 jeunes gens, de diverses nationalités qui voyagent ensemble pour un temps. La plupart d’entre eux sont partis pour plusieurs mois, voire années. En revanche, j’adore ce genre de rencontres. 2 d’entre eux ont passé quelques jours dans ces villages et ils semblent avoir apprécié l’expérience et y avoir pris beaucoup de plaisir, c’est peut-être ça qui a un intérêt : y passer du temps.
En repartant, je traverse un deuxième village dans l’indifférence générale. Il est vrai qu’il fait très chaud.
Je rentre par les rizières, à nouveau, je suis conquise par les paysages. Les rizières au premier plan, les montagnes au fond, c’est magique.
Je trouve un ruisseau pour y plonger mes petits pieds fatigués. Une femme est en train de se laver. Je m’éloigne pour ne pas la déranger mais elle s’en va.
En fait, j’ai quitté Muang Ngoi Neua depuis quelques jours et je viens d’apprendre la mort de mon ami Thierry Merle, emporté par un cancer en quelques mois. Thierry faisait partie de ma première bande d’amis choisis. Je veux dire par là en dehors des parents ou de l’école. Nous avions une dizaine d’années.
Je voulais ici lui rendre hommage et le remercier de sa fidélité amicale et des échanges que nous avons eus depuis quelques années. Bon vent Thierry ! garde un oeil sur nous de temps en temps.
2 Comments
Tout ça c’est bien joli et intéressant, mais…Pas de rat qui tombe sur ton lit?
Je me contenterais même de serpent ou d’araignée (à condition qu’elle soit grosse), pas le moindre scorpion????
Ne nous caches-tu pas des détails amusants, qui nous permettraient d’évaluer ton sang froid?
Bon, allez, profite bien, moi je suis toujours dans mon pays d’adoption, le printemps est enfin là, et je vais bien.
Je te fais de gros bécots
Non, pas de rat mais puisque tu insistes, tu vas avoir une anecdote… qui montre mon sang froid, pas du tout où je l’attendais.
Contente que tu ailles bien
Gros bécots à toi aussi
A