Le Tak Bat, qu’est-ce-que c’est ?
La quête matinale des bonzes, en Lao Tak Bat, c’est la procession des moines pour collecter les offrandes. Chaque matin à l’aube, les bonzes parcourent les rues où des fidèles les attendent pour remplir leurs bols de nourriture et surtout de boulettes de riz gluant.
Par cette cérémonie les moines réaffirment leurs voeux de pauvreté et d’humilité, ils reposent entièrement sur la générosité des offrants pour leur nourriture. De leur côté, les donateurs méditent sur le sens de la générosité.
Cette cérémonie, si elle existe dans tout le pays, est particulièrement vivace à Luang Prabang, peut-être grâce au nombre de temples et bonzes dans la ville. C’est devenu une attraction touristique majeure, au détriment du respect de la cérémonie, certains touristes n’hésitant pas à prendre des photos sous le nez des bonzes, les empêchant ainsi de méditer.
Je ne peux pas passer à côté de ça mais j’ai du mal à me positionner : vais-je juste regarder ou participer (en respectant bien toutes les consignes) ? Je décide de regarder de loin, et de prendre quelques photos en faisant bien attention de ne gêner personne.
Il fait nuit noire lorsque je pars de chez moi à 5h30. Je pense, pour cette première fois, y assister dans la rue principale, quitte à aller dans des quartiers moins fréquentés ensuite.
Il me faut donc passer devant d’autres temples avant d’atteindre le lieu que j’ai choisi. Il est encore tôt, Des tapis sont placés sur les trottoirs, sur lesquels les personnes s’agenouillent en préparant leurs offrandes. Je suis abordée par une femme qui veut me vendre des douceurs à donner aux moines; pour le moment je ne vois que des touristes.
De plus en plus de touristes au fur et à mesure que j’avance.
Dans la rue principale, il y a très peu de monde. Quelques tapis au sol, je me dis qu’il est peut-être trop tôt et je vais faire un tour au marché du matin qui, lui, est très animé jusqu’à ce que j’entende des personnes dire que ça va commencer. En effet, il est presque 6 heures. Il fait encore bien nuit.
Je me fais toute petite entre le premier temple de la rue et le musée. Sur le trottoir de l’autre côté de la rue, quelques personnes très concentrées en train d’attendre.
Et je vois mes premiers bonzes arriver, dans la rue face à moi. Une quinzaine qui émergent de la nuit dans leur robe orange, pieds nus, leur bol à offrande en bandoulière. Je suis étonnée de me sentir émue.
Les photos prises de loin, sans flash, sont floues. On ne le dirait pas, il fait encore très sombre.
Ils passent lentement devant les fidèles, s’arrêtant le temps que ceux-ci déposent leur offrande dans leurs bols à aumônes.
Une autre série de bonzes viendra quelques minutes après. L’ambiance est très recueillie, il n’y pas de bruit, personne ne parle. On entend parfois les gongs en provenance des temples et monastères.
Au total, je verrai 3 ou 4 groupes de bonzes passer devant ces personnes.
Les derniers, après avoir recueilli leurs offrandes, se sont arrêtés un peu plus loin et se sont mis à chanter. A nouveau, c’était très émouvant, une ou 2 femmes pleuraient sur le trottoir.
Je trouve qu’il y avait très peu de fidèles dans les rues à attendre les moines, j’avais entendu parler d’un Tak Bat avec des centaines de bonzes défiler dans les rues. Je ne sais pas si j’étais au bon endroit. En en parlant avec Henri (chez qui je suis) le soir, il a eu l’air étonné. Je sais que la cérémonie a été assez controversée à cause des touristes et qu’ils ont envisagé de la supprimer. J’espère que non.
Tout cette émotion donne faim ! Je vais sur les bords du Mékong, dans une gargote où je prends un café lao (comme je regrette de ne prendre mon café sans sucre ni lait!!) avec des beignets , une sorte de pâte à pain frite, bien gras et délicieux.
Un groupe de bonzes est là, des touristes eux-aussi, je les avais croisés au marché en train de prendre des photos. L’un d’entre eux veut me prendre en photo. Ce n’est pas le monde à l’envers, là ?
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